Alors voilà, j'ai décidé aujourd'hui de vous faire partager quelques productions qui sortent tout droit de ce que je nomme mon "atelier du codex". C'est un petit groupe d'amis (on est 3 pour les grandes occasions) qui ont tous une spécilisation "médiévale". Mais ce n'est en aucun cas une association, juste un groupe de réflexion et de création.
Comme je vous l'ai dit dans ma présentation, cela fait maintenant 12 ans que je fais de la calligraphie et de l’enluminure. J’ai commencé de façon moderne, avec des plumes métalliques, des encres du commerce et des peintures chimiques (ah quelle jeunesse dépravée!
). Mais cela fait 8 ans que je me suis mise à peindre avec des pigments naturels, de la feuille d’or et sur parchemin (du chevreau, c’est mon support favori). Mes études en codicologie m'ont beaucoup apporté dans mes réalisations (étapes de fabrication, usage des support, épaisseur des traitrs, etc. ). La dernière étape fut la fabrication d’encre (metallo-gallique). En passant en stage à l’IRHT, j’ai croisé Monique Zerdoun et nous avons beaucoup discuté. Je me suis mise à la fabrication il y a maintenant 2 ans, mais pour l’instant je reste à l’encre noire.
Au niveau des sources iconographiques et textuelles, j’aime beaucoup transcrire des textes en latin (mais peu de personnes adhèrent à cette idée), notamment des textes religieux « célèbres » : le Credo, l’Ave Maria, le début du Psautier et également de la littérature courtoise (Le lai du Chèvrefeuille, le Tristan en Prose, Béroul,…). Ce que j’aime beaucoup, ce n’est pas copier mot à mot le texte et l’image d’une page de manuscrit mais de prendre un élément de l’un, un de l’autre et de faire une page qui puisse toucher un œil d’aujourd’hui. Pour mes manuscrits de référence, comme je reconstitue un atelier du livre du XIIIe siècle à Metz, je travaille beaucoup avec le Psautier de Renaud de Bar, que j’ai pu une fois approcher en vrai…c’était magique
! Et sinon je fais pas mal d’enluminures à partir du Codex Manesse, du fait de ma proximité avec la Germania et de mon attirance pour ces enluminures. Pour l’instant j’ai mis cette activité entre parenthèse pour me consacrer à mes concours mais je compte m’y remettre dès cet été.
Alors voici tout d’abord un Ave Maria dont l’enluminure est issue du Psautier de Renaud de Bar, là encore il ne s’agissait pas d’une lettre historiée accompagnant ce verset de saint Luc mais j’ai pris cette liberté, puisque la scène représentée colle avec le passage de la Bible.
Voici l’original :
Et sinon, avec le même manuscrit, je me suis amusée, pour me détendre, à reproduire une marge, dont voici l'interprétation issue du Moyen Age en Lumière (je l'ignorais avant de poser mon choix la dessus, du coup mon amie qui est spécialisée dans l'interprétation iconographique a un peu de mal à garder son sérieux lorqu"elle la présente aux gens):
A partir de la fin du XIIIe siècle, dans le décor des marges, le thème de la chasse et celui du siège d’un château constituent fréquemment une allusion à la conquête amoureuse. Hommes et femmes y sont remplacés par des animaux : oiseaux de proie et gibier à plumes, ou bien, comme ici, chiens et lièvres ou lapins. Dans la symbolique médiévale, le lièvre (qui passe parfois pour hermaphrodite) a une forte connotation sexuelle et le « connin » (lapin) évoque directement le sexe de la femme. Et voici cette fois une enluminure issue du codex Manesse, dont Godefroy vous a déjà parlé dans ses réalisations, dont j’ai retouché le cadre afin de le rendre carré. En fait je l’ai personnalisé avec les phylactères (qui portent les prénoms de mon cher et tendre ainsi que le mien).
Voilà un peu ce que je fais, j'ai encore pas mal d'enluminures à la maison que je n'ai pas en photos, si vous voulez au fur et à mesure je viendrais mettre des images ici, mais ce sera surtout pendant les vacacances que ma production va bien progresser.
Mathilde.