à vos plumes

critiques en herbe, à vos plumes, voici un recueil de poème à critiquer :

http://versatila.skyrock.com/

Il se nomme Danse avec le démon, et il est de moi. Il date, mais j'ai eu envie de le retoucher (après les partiels), alors, j'aimerai vos avis :p

Quels auteurs lis-tu Marie ?

baudelaire, Rimbaud, Verlaine, mon préféré... Après, j'ai lu tous les classiques. Mais seuls les maudits sont restés dans mes lectures une fois les cours finis. D'ailleurs, j'ai une nette attirance pour l'impaire...

Pas de poésie contemporaine ?

attention à ce que tu dis Marie, il risque de te faire la gueule, si tu lui dis que tu ne lis pas de poésie contemporaine!!!

halvard a écrit:

attention à ce que tu dis Marie, il risque de te faire la gueule, si tu lui dis que tu ne lis pas de poésie contemporaine!!!

Non, c'est pas vrai. j'ai une préférence pour la poésie contemporaine, mais on ne peut pas renier les auteurs dits "classiques". j'ai moi-même pas mal lu Rimbaud. ces temps-ci je lis un peu de Jehan Rictus, qui est déjà plus méconnu même si c'est un "classique"


[tiens, des pubs pour la poésie en haut du forum ?!!]

lol les pubs...

je disais donc... j'ai lu Houellebecq que j'apprécie même si beaucoup le déteste. Mais ca doit être le seul des contemporains. Avec Brel, que je mets dans les poètes, et que j'adore ^^

J'ai peu lu Houellebecq, mais je le trouve assez inégal dans ses poésies.

Je sais pas si tu connais, mais je trouve que c'est l'un des meilleurs blogs sur l'actu poétique : http://poezibao.typepad.com/

Sinon, pour en revenir à ton blog :
Bon, tu l'as peut-être déjà deviné, mais les sujets comme l'amour, la souffrance, etc, ce n'est pas de mon ressort, je trouve cela trop classique. Attention, je ne dis pas que c'est mauvais, simplement que cela ne fait pas partie de mon champ d'investigations (je ne suis donc pas objectif ; encore faudrait-il pouvoir être objectif dans une critique...). Et puis il y a beaucoup de textes qui mettent en relief un vécu, une histoire personnelle, une période un peu difficile, et ça, même si ça ne plaît pas, je ne peux pas le critiquer, c'est trop intime
je n'ai pas encore lu la totalité de ton recueil, mais je vois qu'il y a beaucoup de mots qui reviennent d'un poème à l'autre ("coeur", "sang", "amour"). je sais qu'on a tous des dadas, des mots et tournures que l'on aime bien, mais il faut faire attention, comme ici :

Citation :

J'ai toujours eu mes anges, si beaux, si angéliques

Peut-être était-ce un effet que tu as cherché à provoquer, mais je trouve que ça alourdit

Bon, il faut pas croire, je suis pas méchant, je ne fais pas que des mauvaises critiques. je peux aussi faire des remarques positives sur ton recueil, car du positif, il y en a.
Comme je te l'ai déjà dit, ce n'est pas le registre poétique qui me touche le plus, mais il y a certaines choses que je salue, comme cette strophe :

Citation :

C'est comme au sommet,
Seul dans la lumière:
Mais ça, c'était hier,
Rechute annoncée...

Bon, je sais que ça ne se fait pas de modifier les poèmes d'un auteur, mais personnellement, j'aurais laissé tomber le dernier vers, quitte à faire un truc du genre :

Citation :

C'est comme au sommet,
Seul dans la lumière:
Mais ça,
.............C'était hier

Mais bon, après ça modifie la métrique, et si tu aimes les vers réguliers... remarque, ça fait un impair ! ;-)

Sinon, j'aime beaucoup le rythme et la typographie de celui-là (mais le contenu me parle moins) :

Citation :

Elle*

Elle
est
belle!
Mais?

Je
sais
le
trait

qui
est
pris
des

mains.
Elle
tient,
belle,

cette
faux
faite
d'os

d'or,
qu'a
la
mort!

Qui?
Elle
si
belle?

Et
tient
des
mains

les
fins
des
fins!

Elle
dort?
Belle
mort!

Il y a certains poèmes ou passages qui m'ont beaucoup plus parlé :

Citation :

Les flaques font des miroirs
Reflétant les souvenirs
Qui montent de ma mémoire :
La porte vient de s'ouvrir.

La pluie est une clé
Pour ne rien effacer,
Elle a suffit pour ouvrir
Le grenier des souvenirs.

(Il me fait penser au poème "Les souvenirs", de Henry Bataille)

Ou bien :

Citation :

De hautes tours grises
Sortent du brouillard
Plus noires et plus grises
Au matin sans fard

Petit et blanc pâle
Perce le rideau
L'oeil niais des falots
Dont la flamme râle

Oh ! Tout semble triste
Dans cet univers
Où le gris subsiste
Sous l'été l'hiver

Là, j'aime plus la façon dont tu as choisi de figer "l'instant", un peu à la manière d'un haïku, mais en un peu plus long ;-)

Un autre groupe de vers, qui est tout bête, mais qui m'a plus touché par sa forme épurée et sa musicalité:

Citation :

Sans un mot le temps passe
Impassibles secondes

Sinon, je trouve dommage que tu mettes autant d'images et de couleurs (certes, pour quelques uns de tes poèmes, la couleur est quasiment indispensable...), ça alourdit un peu la lecture. je préfères quand tu mets simplement la photo qui t'a inspirée, mais bon, après, les gouts et les couleurs ;-)


Voilà, comme je t'ai dit, je n'ai pas encore lu la totalité du recueil (j'ai lu un peu plus de la moitié). Mais bon, c'est toujours difficile de faire une critique sur un receuil entier sans faire de généralités dangereuses. Il vaut mieux faire un commentaire poème par poème. En tout cas, on sent que tu aimes manier la langue et le vers, sans pour autant tomber dans le "piège" de la régularité métrique (cf supra), ce que je ne peux que saluer. Et comme je te l'ai déjà dit, même si le thème global que tu développes n'est pas le mien, certains de tes écrits m'ont beaucoup touché


Sinon _ et là c'est le conseil d'un pur lecteur de poésie contemporaine _ tu devrais accentuer la spontanéité et le silence que l'on trouve dans plusieurs de tes poèmes. Et je finirai en te citant Lorand Gaspar :

Citation :

Quelques battements d'ailes à peine
d'un migrateur inconnu dans le bleu
te retiennent au bord du précipice _
quelques points de couture fragiles
de la rame sur les eaux que n'interrompt aucun ciel _

des voix naissent et passent
sur des dalles de silence, légères
que soulève par moments la brise _

_ Je pense à la certitude
d'esprit de la main
de Piero peignant un regard _

dans la masse insensée de nos bruits
il y a toujours un flocon
de neige quelque part
de silence étouffé par
tant de peur et besoin de crier _

parfois il emprunte
les voyelles d'un mot
feuillage de nos corps
que visite le vent,
consent à nos limites _

une poignée d'ombre
seulement te sépare
de la lumière _

écriture de chaux
dont on peint dans les îles
les dalles de la nuit _

.............................................Lorand Gaspar

Je te remercie, pour le bon et pour le mauvais. Toute critique est bonne à prendre. Même pas un lecteur de contemporaine. En effet, la musique et les couleurs, c'est mon style. C'est aussi ce qui fait que j'aime les maudits...

Si un jour tu veux critiquer un poème plus qu'un autre, il reste les comms... (laisse un coms comme disent les jeun's :p ) Mais bon...

Je suis d'accord avec toi pour Houellebecq. C'est aussi le cas de ses romans. Parfois il veut trop provoquer, il oublie que ce n'est pas le plus important...

Je retiens le nom du blog... J'irai y faire un tour... Après les partiels ^-^
Ah, et ce poème est magnifique... Je retiens le nom de l'auteur...

Tu connais mon credo

Citation :

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Ou l'Indécis au Précis se joint.

C'est de beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi ;
C'est par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la couleur, rien que la Nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prend l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on y veille, elle ira jusqu'où ?

Ô qui dira les torts de la Rime !
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

Art poétique (Verlaine, Jadis et naguère, 1881)

oui, j'ai pas mal disserté dessus

Sinon, tu peux aussi faire un tour sur ce forum (j'y suis inscrit), la plupart du temps, les critiques sont très constructives, mai niveaux commentaires, ça marche au donnant-donnant :

http://www.vosecrits.com/index.htm


Pour les coms, je n'y manquerai pas (j'essayerai de faire moins long quand même )

normal Bon et bien, voilà du travail pour janvier

Sinon, un autre recueil qui pourrait t'intéresser est Quelque chose noir de Jacques Roubaud, écrit plusieurs mois après la mort de sa femme, Alix-Cléo. En général, l'amour, la mort, tout ça, ça ne me touche pas franchement, mais là...

allez, vu qu'on est lancés dans la poésie :

j'aime beaucoup moins pour ma part. Il faut trop de concentration, trop d'échappatoire pour comprendre... Ca ne peut parler, la poésie, s'il faut la dicéquer pour le saisir...

Oh, elle est pas si compliquée que ça. c'est à cause des réflexes qu'on nous a fichu en lycée : tenter à tou prix de trouver la métaphore, un sens qui n'est souvent que secondaire.
Il faut se laisser porter par les images ; il n'y a pas qu'une seule interprétation

ca n'a rien à voir avec cela. Je ne cherche jamais les metaphores... Si elles ne viennent pas toutes seules... Sinon ca revient à disséquer les textes comme au bon temps du commentaire composé. Et j'ai toujours trouvé cet exercice impie !

Citation :

L’ouvrage d’un regard d’heure en heure affaibli
N’est pas plus de rêver que de former des pleurs,
Mais de veiller comme un berger et d’appeler
Tout ce qui risque de se perdre s’i s’endort.

mais les mots ne coulent pas de source, la lecture est heurtée, les tournures de phrases ne sont pas limpides... bref, cela demande de bien lire chaque mot, un par un, et non de laisser courrir la musique de la phrase. Pour moi, cela ne peut me plaire. Je sais que certains aiment cela. Mais moi non.

Oui. j'aime bien le passage là, je le trouve très "oriental" dans l'esprit