En rapport avec les idées que veulent développer en animation Léonore et Eloïse sur les cosmétiques et l'hygiène, j'ai trouvé des choses fort intéressantes sur l'épilation :
L'épilation à l'époque Gréco-Romaine Aux environs du 5ième siècle avant J-C, on observe une extension progressive de l'épilation à toutes les couches de la société en Occident. Dans le monde gréco-romain, l'épilation était considérée comme allant de soi : les barbiers de la Grèce antique, organisés sous la forme d'une véritable corporation, pratiquaient l'épilation aussi bien pour les classes sociales aisées que pour les esclaves, dans leurs échoppes comme à domicile.
Les pratiques en vigueur sous l'empire romain attestent de la même culture de l'épilation. Les Romains fréquentaient assidûment les thermes pour les soins corporels qui y étaient dispensés et la plupart des hommes de la bourgeoisie se faisaient régulièrement épiler les jambes avant de les mettre en valeur grâce au port de la tunique courte. Mais pas seulement : certains hommes allaient même déjà jusqu'à pratiquer l'épilation intégrale. Parmi les exemples célèbres, on citera l'empereur Auguste qui pratiquait l'épilation en 63 avant notre ère ou encore Popée, la compagne de l'empereur Néron, qui se faisait épiler la poitrine, les aisselles, les jambes, les bras, la lèvre supérieure et le nez, anecdotes qui sont tirées de textes anciens découverts dans les ruines de Pompéi.
Les méthodes d'épilation utilisées allaient alors du « brûlage » des poils à l'aide de coquilles de noix incandescentes, à l'arrachage par l'application d'une préparation à base de résine de pin, en passant par l'épilation des sourcils au sang de chauve-souris. Recettes qui perdureront jusqu'au Moyen Age.
L'épilation, de la chute de l'empire romain jusqu'aux croisadesAu début de l'ère chrétienne, la pratique de l'épilation continue de se répandre, y compris en Gaule. Les fouilles archéologiques effectuées sur la plupart des sépultures féminines datant de cette époque ont permis de mettre à jour des quantités impressionnantes de pinces à épiler, attestant de l'intérêt suscité par l'épilation chez nos ancêtres. Mais la chute de l'Empire romain, en 476 après J-C, portera un coup d'arrêt à cette mode de l'épilation et les poils retrouveront progressivement grâce aux yeux des Occidentaux, ce pendant près de 5 siècles.
Il faudra donc attendre l'issue des croisades chrétiennes du Moyen Âge, qui auront lieu entre le XIe et le XIIIe siècles après J-C, pour voir l'Occident renouer avec la tradition de l'épilation. Tout au long de leurs conquêtes en Orient et en Afrique, les chevaliers francs rencontrent des femmes épilées et rapportent en Occident les usages empruntés aux populations alors conquises, comme les bains en étuve (hammam) et l'épilation. A cette époque, celle-ci concernait essentiellement le front, les aisselles, parfois le pubis et était pratiquée avec des préparations à base cires chaudes d'abeille, de sucre et de gommes végétales naturelles. La technique de "l'épilation à l'Orientale" allait progressivement gagner toutes les cours d'Europe.
Il semblerait que la plupart des femmes possédaient une pince à épiler. Voici à quoi cela ressemblait :
Parmi ces objets, il y a des pinces à épiler de l'époque gallo-romaine :
Une autre pince à épiler gallo-romaine :
Une pince à épiler mérovingienne (elle fait 7 cm de long ; de nombreux autres modèles existent) :
Plus intéressant, une pince à épiler du XIe siècle, trouvée en fouille dans le Calvados. Elle fait 51 mm de long pour 5 mm de largeur maxi et elle est en alliage cuivreux :
Et enfin, ce qui nous intéresse le plus, une pince à épiler de la deuxième moitié du XIIe siècle, trouvée en fouille dans le Calvados. Elle est très petite, puisque sa longueur est de 38 mm, et que sa largeur maximale est de 5 mm. Elle est réalisée dans une tôle en alliage cuivreux replié sur elle-même :
Voilà, ça n'a pas l'air trop compliqué à fabriquer. Ça vous intéresse, Léonore et Eloïse ? Ça serait pas mal à se fabriquer, non ?
Autre pince à épiler, du XIIIe-XIVe siècle, trouvée en fouilles au château de Parthenay (Deux-Sèvres) : elle est en bronze et fait 47 mm de long sur 4 mm de large ; elle aussi est réalisée dans une feuille de bronze pliée :
Sinon, d'autres pièce archéo un peu différentes, retrouvées en Angleterre cette fois :
1. (en haut). XIIe - XIIIe siècle
Pince à épiler faite d'un ruban de métal replié pour former, à une extrémité, une petite boucle de suspension, et à l'autre, deux branches déformées maintenues par une bague. La partie supérieure est ornée d'entailles profondes formant un motif ondulé. Au-dessous de la bague, les extrémités sont aplaties et ornées d'un motif incisé en zigzags.
Dimensions: L.96, H.5, l. 4mm
2. (en bas). Début du XIIe siècle
Pince à épiler fabriquée à partir d'un ruban de métal de section rectangulaire formant une boucle à l'extrémité supérieure et deux branches, à l'extrémité inférieure, écartées pour donner un effet de ressort et maintenues par une bague. La pince est ornée sur les deux côtés de lignes exécutées à la roulette Les deux arêtes sont entaillées d'encoches.
Dimensions: L.78, H.4, l. 2mm