Bertrand de Marseivilla né vers 1173 à Malzéville, non loin de Nancey. C’est le cadet d’une petite famille noble des alentours de Nancy. Sa famille est naturellement dans la mouvance des ducs de Lorraine. Le décès en bas age de son aîné lui laisse l’héritage familial. Son éducations est complète, il apprend la lecture, le latin, l’équitation, l’escrime, l’archerie, les échecs, les règles de la chasse… Il n’est pas adoubé formellement. A l’age de 2 ans, une sombre histoire d’héritage de son arrière grand oncle le prive de terre aux alentours de Grant Bouxière, et grace à une mauvaise défense des Lorrains,c’est une cousine éloignée et champenoise de 21 ans, Marie de Lusigny, qui emporte le fief.
En 1189, il décide de partir en croisade avec son père et ils prennent la route la plus directe pour se rendre en Italie et embarquer, sans perdre de temps à rejoindre l’Empereur ou le Roi. Malheureusement pendant le passage des Alpes, il contracte des flux de ventre, qui lui provoque une forte fièvre et le cloue au lit pour plusieurs semaines dans un petit monastère d’une vingtaine de moines, le Thoronet.
Le convoi ne l’ayant pas attendu pour embarquer, il renonce à la croisade, mais veut se faire pardonner en pérégrinant jusqu’à Rome. La cité papale est impressionnante, mais les mœurs y sont bien loin de l’idéal chrétien et de la cité de Dieu. Il décide donc de visiter l’Italie, en commençant par le sud. Il passe de monastères en lieux de pèlerinages, puis arrive à Salerne en 1191. Il y est fasciné par l’enseignement des maîtres médecins et mettant ses armes en gages pour financer ses études, décide de rester suivre un cursus médical. Ses études durent 5 ans jusqu’à la licence, et les problèmes financiers, même en logeant sous une sous-pente ne tardent pas. Pour compenser, il devient un joueur invétéré dans l’auberge ou il loge et finance ainsi ses études avec plus ou moins de succès selon les mois. Il passe sans trop de difficulté l’examen oral qui sanctionne ses études et reprend la route, ne pouvant racheter que son épée.
Il reprend la route au pas de course, bien décidé à remonter dans sa région natale. En passant par Rome il prend tout de même le temps de faire un pèlerinage dans toutes les églises romaines qui lui assure un diplôme de pèlerinage. Durant ce court séjour à Rome, il rencontre un négociant en vin italien qui loge dans la même hostellerie Guilbert. Ce marchand prend lui aussi la route du nord dans l’optique de vendre sa précieuse marchandise sur les foires de champagne. Le voyage a lieu sur les voies fluviales, Rhône et Saône, puis en chariot jusqu’à Bar sur Aube et enfin Troyes où ils arrivent au printemps 1197.
Grâce à sa cousine, Marie de Lusigny, qui plus de 20 ans auparavant l’avait privé d’une partie de son fief, il parvient à se faire introduire à la cour des comtes de Champagne où il soigne un poète pris de flux de ventre. Il y découvre les œuvres de Chrétien de Troyes et la culture qui l’entoure l’impressionne beaucoup. Il prend goût à la lecture des œuvres courtoises. Grâce à ces soins, et l’influence de sa cousine, il y gagne suffisamment de notoriété pour y être adoubé dans les règles et pour qu’on lui offre de nouvelles armes.
Il y séjourne tout l’hiver 1197, mais sa cousine disgraciée auprès du comte Thibaut III , il reprend la route au printemps 1198 et l’emmène avec lui.