Zenodora Ménestrel
Nombre de messages : 413 Age : 39 Localisation : Sarrebourg Date d'inscription : 22/12/2006
| Sujet: Re: atelier cathédrales Mar 15 Juin - 12:40 | |
| - Bertrand de Marseivilla a écrit:
- Vu que c'est porté par des pauvres sur les enlus, c'est aussi très symbolique.
A mon avis, le problème vient surtout de l'intensité des couleurs. En toute logique, il est normal que le gugusse de gauche, vu son rang, porte du rouge et du bleu vif. Mais les autres devraient arborer des nuances plus claires (bleu pastel, rouge délavé). Peut-être est-ce un problème de contrainte pour l'enluminure au niveau des pigments, ou tout simplement parce que l'enlumineur avait envie d'en mettre plein la vue avec une luminosité vive et uniforme... "Ce qui distingue les vêtements riches des vêtements pauvres, ce n'est pas une opposition entre étoffe teinte et étoffe non teinte, ni même le choix ou la vogue de telle ou telle coloration, mais bien la solidité, la densité et l'éclat de la teinte. Les riches et les puissants portent des vêtements aux couleurs vives, dont la matière colorante pénètre profondément dans les fibres du tissu et résiste à la lumière, au lavage et aux effets du temps. Les pauvres, les humbles, au contraire, portent des vêtements aux couleurs délavées, grisées, parce qu'ils ont été teints avec une matière colorante de moindre prix, presque toujours végétale, qui reste à la surface de l'étoffe et qui disparaît sous l'effet de l'eau ou du soleil. Là se situe sans doute l'écart chromatique le plus grand dans les pratiques vestimentaires du Moyen Age : riches et pauvres s'habillent à peu près des mêmes couleurs, mais sur les premiers celles-ci sont franches, lumineuses, solides, tandis que sur les seconds elles sont pâles, ternes, fanées. Saint Louis, par exemple, aime à se vêtir de bleu (il est même le premier roi de France à le faire), notamment dans la seconde partie de son règne. Or, en ce milieu de XIIIe siècle, presque tous les paysans de son royaume portent également des vêtements bleus, artisanalement teints avec de la guède, plante crucifère qui pousse à l'état sauvage sur de nombreux terroirs. Mais il ne s'agit absolument pas du même bleu. Le premier est vif, franc, "royal" ; le second est délavé, grisâtre, éteint. Pour l'oeil du XIIIe siècle, il ne s'agit pas du tout de la même couleur."Michel Pastoureau. Une histoire symbolique du Moyen Age occidental, p. 129 Si on suit le raisonnement de Pastoureau sur la notion de chromatisme au Moyen Age - largement développée ailleurs dans le bouquin - et donc que l'on considère qu'un bleu vif et un rouge vif sont, dans l'esprit de l'homme médiéval, des couleurs similaires, alors qu'un bleu vif et un bleu pâle s'opposent totalement, on peut en effet me rétorquer que l'enlumineur ne pouvait pas choisir d'employer du vif pour du clair. Malgré tout, je ne suis pas certaine que les pigments en enluminure permettent d'obtenir des teintes claires. A l'origine, je veux dire. Bien sûr, un certain nombre d'enluminures qui nous sont parvenues se sont délavées avec le temps. Après, comment faire la part du clair d'origine et du clair provoqué par la dégradation des pigments ? | |
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Frater Jehan Mangin
Nombre de messages : 122 Localisation : Moselle pour le moment Date d'inscription : 17/05/2010
| Sujet: Re: atelier cathédrales Mar 15 Juin - 14:55 | |
| Je pense qu'il faut situer le problème des couleurs dans un bouquin avec beaucoup de pincettes!! Un livre est à l'époque symbole de pouvoir et de prestige, au vu du prix d'un ouvrage et au vu des commanditaires de tels manuscrits je pense qu'un bleu délavé, même pour représenter un mendiant, aurait été une offense grave par rapport au prestige que devait véhiculer un bouquin à l'époque. Et pis n'oublions surtout pas qu'un livre et des enlus c'est tout petit!!! ça n'a rien à voir avec teindre des pièces de draps de laine ou de soie de plusieurs mètres carrés!!! On peut donc se permettre de mettre des couleurs riches et belles bleu, noir, rouge...
c'est mon opinion!! pas une certitude!! | |
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Godefroy de Nancey Chancelier
Nombre de messages : 3167 Age : 38 Localisation : Nancy Date d'inscription : 14/12/2006
| Sujet: Re: atelier cathédrales Mar 15 Juin - 15:03 | |
| - Frater Jehan a écrit:
- Je pense qu'il faut situer le problème des couleurs dans un bouquin avec beaucoup de pincettes!! Un livre est à l'époque symbole de pouvoir et de prestige, au vu du prix d'un ouvrage et au vu des commanditaires de tels manuscrits je pense qu'un bleu délavé, même pour représenter un mendiant, aurait été une offense grave par rapport au prestige que devait véhiculer un bouquin à l'époque.
Et pis n'oublions surtout pas qu'un livre et des enlus c'est tout petit!!! ça n'a rien à voir avec teindre des pièces de draps de laine ou de soie de plusieurs mètres carrés!!! On peut donc se permettre de mettre des couleurs riches et belles bleu, noir, rouge...
c'est mon opinion!! pas une certitude!! Je pense pareil. Il est de toute façon attesté (à la fin du Moyen Âge, certes, mais c'est assez parlant tout de même) que les commanditaires pouvaient commander certaines teintes riches dans un manuscrit pour justement vouloir en mettre plein la vue. Les teintes ne sont donc pas forcément indicatives pour ces raisons. D'où le fait que certaines couleurs soient plus représentées que dans la réalité et que les intensités de couleurs soient plus profondes que dans la réalité... Sinon, j'ai encore trouvé un vitrail de Chartres intéressant : trouvé sur cette page : http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained_glass_windows_of_the_choir_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_ChartresOn y voit un certain nombre d'ouvriers qui s'affairent à la construction d'un édifice religieux. Et si je ne me trompe pas, on voit le commanditaire, le maître d'oeuvre et un troisième personnage en bas... | |
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| Sujet: Re: atelier cathédrales | |
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